La Lumière Aveugle
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Tsion'hebb - La Rose et le Vent

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Message  Tsion'hebb Mar 2 Sep 2008 - 11:24

Chapitre XXVI - La longue course


Dès que le dernier vaisseau du désert disparut derrière la ligne de crête, les deux poursuivants s'élancèrent entre les rochers surchauffés. Le soleil tombait sur eux comme une chape de plomb et il semblait que leurs vêtements étaient en feu dès qu'ils touchaient la peau. La poussière de la caravane avait beau être un peu retombée, ils furent rapidement couvert d'une pellicule fine. La respiration était rendue difficile tant le moindre souffle d'air déchirait les poumons comme une brûlure intérieure et l'enfant peinait à garder sa concentration. Il veillait à poser ses pas dans les pas de la pisteuse qui menait bon train et ne s'arrêta que lorsqu'ils eurent suffisamment progressé pour atteindre le haut de la colline. Il sentait ses lèvres sèches et sa bouche pâteuse et pourtant s'efforçait de respirer par le nez pour s'économiser.

Un paysage grandiose s'ouvrait devant eux : Une large vallée, sorte d'ultime dépression avant la montagne, aussi sèche que partout ailleurs mais dont les couleurs scintillaient dans l'atmosphère dansante. Des cheminées rocheuses grimpaient ici et là à l'assaut des hautes falaises dont les couches apparaissaient nettement, alternances horizontales de terres ocres. Ici ou là un défilé semblait trouer l'horizon barré comme autant d'encoches dans une lame ancienne, cuites et recuites par le soleil accablant mais au sein desquelles on devinait quelques ombres.

Ils repartirent. Meharia marchait d'un pas régulier, comme si elle avait fait taire en elle toute sensibilité. Au loin la caravane progressait, obliquant en un lent virage qui l'amenait sur un cap nord-ouest. Ils progressaient lentement et n'avaient pratiquement pas pris de retard mais c'était compréhensible car les prisonniers ralentissaient la marche de l'expédition. Ils prirent droit au nord. L'enfant ne posa aucune question, ne nourrit même pas d'appréhension face à cette divergence d'itinéraire. Il avait une entière confiance dans la marcheuse pour avoir vu son père et son grand-père confier leur vie à ces gens. Il n'anticipait rien, ni bon ni mauvais. Il s'en remettait entièrement à elle et le silence de la pisteuse finit par le renvoyer loin dans ses propres pensées au point qu'il parvenait presque à en oublier l'incandescence de l'air ambiant qui lui brûlait le visage, la blessure des cailloux qui s'immisçaient dans ses sandales, l'épaisseur de la poussière qui le recouvrait un peu plus à chaque pas, la sécheresse de l'air qui lui déchirait les poumons. Il était simplement ailleurs, engoncé dans sa tunique, corps à l'esprit évadé qui enchaînait les pas comme un automate. Lentement ils s'engagèrent dans la vallée. Elle n'était pas profonde du tout mais large d'une bonne journée de marche. Ils engagèrent une marche qui la traversait en perpendiculaire sans jamais bénéficier de la moindre trace d'ombre.

La pisteuse et le jeune prince n'avaient pas échangé un mot depuis plusieurs heures. Il n'avait jamais eu conscience des dangers qu'elle avait contournés, de ces sables mouvants prompts à engloutir sans retour tout ce qui s'aventure trop près à ces créatures mi-rocher mi-flamme qui paressaient sur le lit depuis longtemps asséché de ce qui avait été un jour une rivière mais n'était plus qu'occasionnellement un oued en crue. Il semblait qu'ils ne devaient jamais s'arrêter, qu'ils marchaient depuis des heures, des jours. Il avait perdu la notion du temps...

Elle s'arrêta. Le sol était plat, presque vitrifié, cicatrisé ici et là par quelque ancienne craquelure depuis longtemps comblée de débris pierreux. Une quinzaine de pierres étaient empilées devant eux de façon insolite et il n'aperçut la petite pyramide que lorsqu'il faillit percuter sa guide.

La bouche de l'enfant était trop sèche pour s'ouvrir, ses lèvres scellées par la poussière de la marche. Il retint donc ses questions et se contenta de l'observer de ses yeux harassés de fatigue, petits points de lumière vacillants sous un masque de crasse. Elle examina les pierres avec soin sans les bouger, puis se redressa et chercha à s'orienter en scrutant tour à tour la falaise et l'endroit où ils se tenaient. D'ici on constatait qu'elle n'était pas si abrupte mais entrecoupée de ravines et de couloirs étroits qui la défiguraient, parfois simple entaille, parfois grossière balafre qui en parcourait toute la hauteur. Ici où là elle s'était effondrée en payant son dû au temps qui passe et à qui nul ne saurait s'opposer.

- "Attends moi ici."

Elle se démena pour extirper des profondeurs de son vêtement une baguette fourchue en bois d'amandier, la saisit fermement puis, les yeux mi-clos, se déplaça lentement vers l'est comme si elle remontait quelque veine tellurique invisible à ses yeux de jeune démoniste. Il n'avait rien à craindre ici... sinon de cuire. Il ne bougea pas, se contentant de s'asseoir, son outre dans les jambes comme un trésor précieux mais brûlant. Le soleil déclinait lentement et bientôt l'horizon mangerait le disque d'or. Elle le héla enfin et il se hâta de la rejoindre. Il s'était presque endormi.

Elle était accroupie, la baguette posée à côté d'elle, et repoussait la terre de ses mains nues. Elle eut tôt fait de dessiner dans la poussière un trou d'un pied de hauteur, large de deux. Là, sans un mot, elle lui fit signe de lui passer l'outre qu'il lui tendit aussitôt. Elle l'ouvrit et, devant ses yeux stupéfaits en déversa le contenu entier dans la dépression qu'elle venait de creuser, les laissant totalement démunis.

Alors la marcheuse s'agenouilla ferma les yeux, et d'une voix claire entama un chant aux échos anciens, un chant qui n'appartenait qu'à sa caste, secret transmis au sein des rites initiatiques à eux seuls réservés.

"Eau du désert,
Tapie dans l'ombre,
Sort de l'enfer,
Eloigne la tombe

Rivière de vie
Abreuve mon corps,
Sors de ton lit,
Repousse la mort.

Fraiche et vivante
Désaltère moi
Moi ta servante
Qui vient à toi."


Puis elle recommença une fois encore, puis une autre et une autre encore, sur un rythme scandé, lançinant. Et n'eut-ce été l'angoisse de se sentir démuni de toute ressource, l'enfant de serait à nouveau endormi, terrassé de chaleur. Mais au lieu de cela il répétait machinalement et sa voix d'abord éraillée se mêla à celle de Meharia en une prière implorante.

Il ouvrit de grands yeux quand l'eau, après avoir disparu dans la terre brûlante déjà en train de sécher, sembla sourdre à nouveau et remplir la vasque improvisée sans le moindre remous.

- "Bois."

Il sursauta comme si l'ordre, pourtant prononcé d'une voix calme, l'avait surpris en plein rêve, puis obéit. Sa gorge était serrée et sa langue lui semblait enflée au point qu'il peina à avaler les premières gorgées du liquide frais. Il se redressa à peine pour repousser sa capuche et s'allongea entièrement sur le sol brûlant pour mieux se désaltérer et avaler, à grandes lampées désormais, cette eau que tout son corps réclamait. Et il buvait et buvait encore, incapable de s'arrêter. Le niveau ne baissait pas mais ce miracle ne le surprit même pas tant il était occupé à faire taire la soif qui l'avait tenaillé sans répit. Il s'arrêta, à bout de souffle, puis reprit sous l'injonction de la pisteuse qui, de son côté le regardait avec un mélange de tendresse et de distance, comme un petit animal fragile qui faisait ressurgir en elle, à l'instar de cette eau, tant de souvenirs qu'elle croyait enfouis.

Elle but après lui, non moins longuement, et le niveau de l'eau ne baissait toujours pas, puis elle ouvrit l'outre et l'emplit à nouveau patiemment, usant de son gobelet de fer pour transvaser le précieux liquide, puis trempa sa manche pour le débarbouiller grossièrement. Ils ne finirent qu'à l'heure où le Grand Lumineux flirtait avec l'horizon. Alors elle reboucha soigneusement le trou qu'elle avait creusé. La terre se mêla à l'eau, puis la recouvrit entièrement. La chaleur était telle qu'ils ne s'éloignèrent pas de plus de cent pas avant que toute trace d'humidité ait disparu, sans laisser aucun signe de leur passage.
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Message  Tsion'hebb Mar 2 Sep 2008 - 11:25

Chapitre XXVII - Le gué tragique


La lumière des étoiles était depuis longtemps montée quand enfin au loin, une ligne plus sombre fit son apparition au milieu du gris clair du désert et de celui, plus sombre, des montagnes. Au départ il ne savait pas bien de quoi il s'agissait mais quelques instants plus tard il réalisait qu'il s'agissait de végétation. Des arbres ou des joncs, il ne savait pas encore, étalés en une bande étroite dont, de là où ils étaient, il estimait qu'elle s'étendait au pied de l'immense falaise. Une bonne heure de marche encore et ils firent une nouvelle pause, burent un peu et se partagèrent quelques bandes de viande fumée affreusement dures que la pisteuse conservait précieusement.

- "Nous allons revenir vers l'ouest maintenant. Tu as été courageux."
- "Mais pourquoi on ne les a pas suivis ?"
- "Ils sont passés par une route plus sûre avec des repères connus de ces trolls. Personne ne s'imaginera que des survivants de la caravane se promènent par là où nous arriverons."
- "On va marcher encore ?"
- "Oui, mais repose toi pour l'instant. Nous allons laisser un peu la nuit s'avancer et je te réveillerai pour qu'on reparte et qu'on avance de nuit."
- "On va les rejoindre ?"
- "C'est l'idée oui."
- "Et... on va les racheter ?"
- "Avec quelle monnaie d'échange jeune prince ?"
s'amusa la pisteuse tout en révélant son sourire sous la crasse de la route.
- "On va les reprendre alors ?"
- "On verra bien ce qu'on trouvera. Pour l'instant essaie de dormir."


A court de questions l'enfant coucha une nouvelle brassée d'herbes coupantes sur laquelle il s'étendit, puis s'endormit presque aussitôt. Meharia écoutait tout en se déshabillant. Elle connaissait mal le marécage qu'ils allaient devoir traverser et n'avait que rarement approché les immenses falaises qui marquaient la frontière de son pays. Loin à l'Est les gobelins régnaient en maître après s'être approprié la grande majorité des sources, mais ici la situation était nettement plus contestée et ces marais n'avaient pas de véritable maître, même s'ils étaient bien plus près de Zul'Farrak. Tout ce qu'elle savait c'est que pour approcher les Furies-des-Sables, mieux valait profiter du couvert des contreforts de l'immense rideau montagneux qu'arriver comme le nez au milieu de la figure.

Une fois ses vêtements débarrassés de leur poussière, la marcheuse ôta son foulard, se débarbouilla et secoua ses longs cheveux noirs pour en déloger les grains de sable. Elle les recoiffa ensuite avec soin, les enferma à nouveau dans son foulard et s'allongea en mettant un terme à ses réflexions, s'obligeant à se détendre : ils longeraient la falaise au plus près, croisant sans doute une piste qui reliait la cité trolle au l'installation des Gobelins. Quand elle s'éveilla de nouveau il lui semblait qu'à peine un instant s'était écoulé mais la lune les éclairait désormais de biais après avoir parcouru les trois quarts de sa route et il était temps de repartir.

- "Lève toi jeune prince, il est l'heure."

Elle n'eut guère à le stimuler pour qu'il ouvre les yeux mais resta un instant sans bouger. Elle lui tendit un bout de galette sèche qu'il entreprit de mâchonner avant de boire longuement.

- "On aura de l'eau en abondance ici. Mais reste prudent si on est obligés de fuir dans le désert."
- "Je suis prêt hein."
- "Très bien, comme tu voudras. Par contre écoute-moi bien : Nous allons traverser cet oued. Il y aura peut-être des fermes. Je ne veux pas qu'on nous voit. Tu restes tout près de moi et silencieux. D'accord ?"


Il hocha la tête d'un air bougon et montra son turban, étonné qu'ils ne prennent pas la peine de les mettre.

"Non non, on les mettra plus tard quand il fera jour. Profite de la nuit et ouvre tes oreilles. On y va."

La marche nocturne était facile au départ. Ils zigzaguaient entre d'énormes mottes d'herbe drue qui survivaient, serrées, au milieu de la caillasse. Puis le tapis végétal se fit lentement plus dense et bientôt le sol devint plus mou. Les joncs et les roseaux montaient haut vers les étoiles, plus haut que le jeune garçon mais ils progressaient régulièrement bien qu'ils soient ralentis par de nombreux méandres boueux. La pisteuse n'osait pas s'y aventurer et cherchait un gué sûr mais le temps passait et le ciel s'éclaircissait lentement à l'Est.

- "Tant pis, on va se risquer ici. Vide ton outre et gonfle la d'air. Je vais en faire autant et tu vas prendre les deux. On les remplira de nouveau quand on sera de l'autre côté. Sais-tu nager ?"

Nager ? En plein désert ? Il connaissait la signification du mot mais non, il ne savait pas nager. Il n'en avait simplement jamais vraiment eu l'occasion et on ne pouvait pas considérer que sa façon de flotter en s'agitant de façon disgracieuse dans l'eau des canaux et des retenues soit assimilable à une nage. Peut-être aurait-il dû savoir ?

- "Bah oui, évidemment." rétorqua-t-il, bravache.
- "Parfait, alors tiens bien ton outre contre toi et allons-y."


Elle aida l'enfant à attacher passer les pans de sa djellaba dans sa ceinture, remontant jusqu'au genou le bas du vêtement. Au départ, tant qu'ils avançaient dans les roseaux, l'eau ne dépassait guère la hauteur de la cheville, jamais plus que la mi-mollet. Ils firent fuir quelques serpents ou batraciens invisibles dans les herbes aquatiques puis débouchèrent enfin sur une rivière. L'eau s'écoulait lentement, scintillante sous la lumière des étoiles qui palissait à vue d'œil. Aux aguets la marcheuse progressa. Sous ses pieds roulaient des galets ronds qui la gênaient un peu mais l'eau était calme et sa pression régulière était parfaitement maîtrisable. Elle eut tôt fait de traverser la moitié de la distance d'où elle fit signe au jeune garçon de s'avancer à son tour puis repartit sans attendre et écarta le rideau de joncs qui garnissait l'autre rive en cherchant le sol ferme.

C'est le moment qu'attendait la bête. Patiemment elle s'était tapie sur le fond et avait surveillé cette proie imprudente, puis elle avait remarqué l'enfant, plus fragile, plus tendre, plus savoureux et était remonté entre deux eaux pour venir l'attendre, prêt à le happer et à refluer bien vite vers une de ses nombreuses caches. Il avançait... il avait presque dépassé lui-même la moitié de la distance avec de l'eau jusque sous la poitrine. La bête attendit encore... puis bondit.

Une gigantesque éclaboussure signa l'entrée en scène du monstre à la bouche énorme. Tsion n'eut pas le temps de crier : Meharia le fit pour lui, et plus encore quand, de loin en loin sur la rive, d'autres glissades précipitées révélaient l'entrée en scène de concurrents eux aussi attirés par la chair fraîche. La gueule se referma, deux fois précisément, assurant bien sa prise, et immédiatement la créature replongea. Elle s’arrima de ses énormes griffes au fond de l'eau et secoua sa proie une fois ou deux avant de se retourner aussi vite qu'elle pouvait se tapir dans un trou d'eau plus loin. D'autres prédateurs rôdèrent, alléchés par l'odeur du sang qui teintait l'eau sombre, mais s'abstinrent d'entamer un combat à l'issue incertaine et refluèrent enfin pour regagner leurs tanières respectives et reprendre l'affût du petit matin. Un léger remous s’effaça rapidement et la rivière reprit son cours paisible un instant perturbé.

Douleur, stupeur, angoisse... et tout parût si loin. Une pression énorme lui barrait la poitrine et lui broyait les reins mais le jeune garçon vivait ça avec une distance étonnante. Il allait mourir, probablement. Une douleur terrible lui vrilla le crâne quand la créature le secoua, brisant son bras coincé contre lui dans la gueule immonde. Il ne sentait pas le détail des crocs d'une paume de large qui l'enserraient et violaient ses chairs en libérant des flots de sang. Il était incapable de respirer, il aurait dû suffoquer. Ses poumons se seraient remplis, il se serait noyé. Sa dernière sensation fut celle de la pression de l'eau sur ses tympans. Il s'en fichait, la douleur s'éloignait, le monde aussi.
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Message  Tsion'hebb Mar 2 Sep 2008 - 11:25

Chapitre XXVIII - La Mère-du-Marais


La marcheuse des sables n'avait pu que refluer précipitamment, horrifiée par le spectacle qu'elle venait de contempler. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes qu'elle parvint à maîtriser ses tremblements et à envisager de faire demi-tour. Car elle devait savoir, elle devait au moins constater qu'il ne restait rien, peut-être descendre un peu le long des berges pour vérifier que le corps n'avait pas été entraîné par le courant. Elle pensait déjà au jeune prince en termes de cadavre, incapable d'imaginer qu'il ait pu survivre. Elle avait vu le monstre énorme et les dents innombrables de sa gueule largement ouverte et en frémissait sans interruption, mais elle devait s'en assurer. De toutes façons elle n'avait plus que ça à faire : cette opération était un véritable désastre et elle en avait sa part : incapable de repérer les aventuriers, incapable de repérer les Trolls, incapable de repérer les crocilisques à l'affût... elle avait failli d'un bout à l'autre. Dès qu'elle eut rassemblé un peu de courage, elle revint vers le bord de la rivière, écartant les feuilles avec précaution en craignant à chaque pas de déranger l'un des terribles sauriens. Rien ne se manifesta.

Elle ignorait qu'à une cinquantaine de pas en amont, dans le repli d'un trou d'eau, une forme sombre, longue, écailleuse, attendait son heure. La proie dans la gueule, elle patientait, s'assurait qu'aucun de ses enfants n'envisageait de venir lui voler cette pitance gouleyante qu'elle serrait entre ses crocs énormes. Seuls deux pieds nus dépassaient de sa gueule. Elle devait attendre. Ça n'était pas la première fois qu'elle passait des heures dans son repaire à digérer, engloutissant pied à pied des proies bien trop grosses pour être ingérées en une fois. S'il était une vertu qu'elle avait appris à maîtriser, c'était bien la patience. Seuls ses yeux, deux points à peine visibles, scrutaient les ténèbres de l'entre-deux-eaux dont elle avait fait sa tanière.

La douleur revint comme un éclair. Il aurait voulu crier mais sa bouche ne parvint pas à s'ouvrir. Son visage, ses mains, son cou brûlaient atrocement et des liqueurs acides terriblement piquantes s'infiltraient partout dans ses vêtements, son nez, sa bouche. Il n'avait aucune force, même pas celle de respirer, engoncé dans un espace étroit qui le broyait et le lacérait d'une infinité de piqûres. Il ne sentait même plus ses membres, pris dans un étau insoutenable. Il aurait voulu appeler à l'aide mais s'en trouvait totalement incapable, la tête repliée sur la poitrine et le cou tordu de manière insupportable. Il aurait voulu se débattre mais la notion de mouvement lui était étrangère. La pression était partout comme une prison de chair acides, et la brûlure plus intense de seconde en seconde. Il n'était qu'une conscience douloureuse, un fer plongé dans la braise qui ne savait que hurler une souffrance sans nom.

WOOOF !!!

Au fond de son repaire la bête sursauta et s'agita d'un spasme violent. Elle resserra sa gueule dans un réflexe absurde car elle n'avait rien repéré. Ses poumons se vidèrent. Elle s'agrippa au sol, tordue d'une douleur violente dont l'origine lui échappait.

WOOOF !!!

Le soubresaut de la bête fut si brutal que la vase envahit l'eau immédiatement, obscurcissant la vue à plusieurs pas alentour. Le spasme qui l'avait prise semblait sans origine, sans coupable. Elle hésita à chercher mais la douleur était trop violente, irradiante, et elle fuit immédiatement à grands coups de queue. Très vite elle jaillit du nuage opaque que ses débattements avaient soulevé, filant au raz du fond en quête de sécurité.

WOOOF !!!

Cette fois ci elle se sentit littéralement déchirée de l'intérieur et creva la surface, paniquée. Des flammes insoutenables firent bouillir sa gueule qu'elle ouvra grand pour se soulager en laissant l'eau froide pénétrer à grands flots au plus loin dans sa gorge encombrée de la proie incandescente. Elle se tortillait violemment, cherchant la profondeur de nouveau, totalement désorientée, son instinct dépassé par ce qui lui arrivait.

WOOOF !!!

Elle régurgita violemment, prise d'une nausée terrible. Tout l'intérieur de son corps était en feu. Les chairs distendues par la proie trop grosse brûlaient, léchées de flammes infernales qui n'avaient pas d'autre issue que percer à travers des flots de sang et d'ichor pour libérer leur puissance. L'eau froide apaisait à peine ces brûlures démoniaques et elle en avalait à grandes lampées dans une vaine tentative pour calmer l'insoutenable douleur contre laquelle elle ne pouvait envisager de cesser de lutter. Le corps, brutalement expulsé flotta un instant entre deux eaux avant de remonter lentement vers la surface.

Les soubresauts du monstre étaient terribles. Le supplice qu'il endurait était insoutenable car c'est de l'intérieur que son organisme avait encaissé l'effroyable souffle de flammes qui l'avait ravagé à plusieurs reprises. Des gerbes d'eau gigantesques s'abattirent en flots tempétueux sur la rive tandis que la bête se débattait encore contre l'ennemi invisible mais les dommages subis avaient largement dépassé le point de non-retour et elle flottait mollement, encore secouée de réflexes de défense jusqu'à ce qu'un calme relatif revint enfin. Les oiseaux ne chantaient plus. Un silence irréel recouvrit les lieux à l'instar de la brume matinale qui montait sur les eaux sombres. Le monstre, agonisant, s'échoua enfin, le regard vitreux, à quelques pas à peine d'une Meharia médusée dont la terreur était telle qu'elle n'avait osé esquisser même un geste de fuite. Des générations de crocilisques avaient été engendrées par le ventre de cette bête qui, aujourd'hui, se mourait après avoir vécu dans l'ignorance complète de sa propre légende. Les yeux, fixés sur la marcheuse, devinrent vitreux. Celle que les Trolls nommaient la Mère-du-Marais était morte et ses enfants, médusés, se terraient, pris d'une frayeur viscérale.

Il fallut que le corps de l'enfant, couvert d'humeurs verdâtres et de fumerolles malodorantes passe lentement devant les yeux écarquillés de la pisteuse pour qu'enfin, rompant l'inquiétant silence, elle se jette à l'eau et le récupère, puis le traîne loin de cette rive maudite. Elle traversa les ajoncs comme une folle et parcourut encore plusieurs centaines de pas, ne s'arrêtant pas avant de s'effondrer au bord d'un ruisseau, à bout de forces. Elle n'osait pas poser les yeux sur le corps sanguinolent qu'elle venait de transporter. Les cheveux étaient une masse informe, molle, qu'elle repoussa aussi délicatement que possible pour dégager un visage tuméfié, boursouflé, abrasé presque au sang et parfois au delà, les lèvres, les oreilles et les narines suintantes. Soudain elle sursauta ! Il respirait.

Le Troll qui observait la scène n'en croyait pas ses yeux.
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Message  Tsion'hebb Mar 2 Sep 2008 - 11:26

Chapitre XXIX - Tsigawo


Il était impressionnant par sa taille, et pourtant se tenait voûté. Un large chapeau de paille cachait son visage hideusement difforme aux yeux des humains mais il n'en avait pas moins de petits yeux malicieux et un regard rieur. Sauf que l'heure n'était pas au comique et que la situation de l'enfant semblait dramatique. De son mieux la marcheuse rinçait la peau attaquée par les acides mais sous ses yeux paniqués elle partait en lambeaux blanchâtres et découvrant des chairs à vif. Rapidement elle le débarrassa de ses vêtements eux-même largement rongés par les sucs gastriques de la bête morte et le rinça abondamment.

- "Jdun chiva it il'flo."

Meharia fit un bond et porta la main à son coeur dans un vain réflexe pour le calmer. Mais l'air calme du Troll semblait indiquer qu'il n'avait aucune intention belliqueuse. Il n'avait même pas d'arme, juste un bout de corde dont on se demandait bien l'usage qu'il en avait. Ce n'est qu'en remarquant avec un nouveau mouvement de recul le molosse qui la fixait qu'elle compris qu'il s'agissait d'une laisse improvisée.

- "Ochun Tsigawo" prononça le Troll avec la diction la plus claire possible.

Il se pointait du doigt.

"Tsigawo."
- "Et... et moi Meharia."
répondit la jeune femme, la gorge serrée d'angoisse.
- "Emoameharia." rit le Troll.
- "Meharia, Meharia, c'est moi, c'est mon nom."
- "Meharia."
- "Oui. Et lui c'est Tsion'hebb, et il a été attaqué par un énorme crocilique. Il faut nous aider je vous en supplie."


Il tenta bien de comprendre les trois ou quatre premiers mots mais céda aussitôt tant le débit était rapide. Il n'avait rien saisi du tout et ce n'est pas le peu de mots en langue des hommes qui avaient pu venir jusqu'à lui qui l'aideraient beaucoup. Par contre il n'avait pas besoin d'être un grand clerc pour comprendre qu'une vie était en jeu et s'attacha donc à saisir l'enfant dans ses bras immenses pour les guider, lui et sa protectrice, vers une masure perdue au coeur des marais.

Il remit l'enfant entre les mains de la jeune femme et prépara une couche de joncs frais sur laquelle ils l'allongèrent ensemble. Quelques gémissements leur arrachèrent un sourire commun qui mit en confiance la jeune femme. Le bras du garçon faisait un angle étrange que le guérisseur réduisit rapidement sans se soucier des réactions qu'il suscitait. Puis il raviva la flamme de son foyer et mit à bouillir des draps en grande quantité. Il choisit ensuite, mi-émiettant, mi-reniflant, un échantillon d'herbes qui séchaient au plafond de son logis pour les mettre à ramollir dans l'eau fumante. Ces herbes diffusaient dans l'espace étroit une odeur forte de pharmacopée exotique, ou de cuisine étrangère. Il ajouta encore un peu de poudre qu'il racla d'une pierre jaune à l'odeur exécrable à l'aide d'une lame de couteau qui avait l'air aussi vieille que lui. Le chien, quant à lui, s'était calé sous le lit et on n'en distinguait que les pattes et le ronflement sonore. Un peu plus tard, satisfait de son travail, le Troll étendit sur des buissons de genêvriers les toiles humides, puis fouilla dans des pots en terre jusqu'à retrouver celui qu'il cherchait. D'un doigt griffu il racla le contenu desseché et le goûta du bout de la langue.

Il cracha par terre de dégoût, mais semblait très satisfait de sa trouvaille. Il colla le pot dans les mains de la jeune femme, y adjoint un mortier et de l'eau chaude et lui fit comprendre par geste de bien touiller le mélange jusqu'à ce que le baume retrouve un aspect onctueux. Il riait de la voir malhabile au départ mais elle ne s'arrêta pas pour autant, et mit beaucoup d'application à rendre de la souplesse à ce ciment douteux. L'ensemble de ces opérations occupa presque jusqu'à la mi-journée à l'issue de laquelle les draps suffisamment secs furent promptement découpés en lanières larges d'une paume et les brûlures abondamment enduites de l'onguent à l'aspect jaune-vert pour le moins étrange. Une autre demi-heure encore et le visage, les bras et les jambes du jeune garçon étaient quasiment totalement recouverts, ainsi que son bras pris dans une gouttière de bambou. Le soleil avait passé le zenith quand enfin, après avoir enfumé volontairement sa maison pour des motifs que ni la pisteuse ni le chien ne comprenaient, le Troll adressa de nouveau la parole à la pisteuse.

A l'ombre bienfaisante des joncs immenses, à force de gestes et de mots simples, elle finit par comprendre qu'elle devait faire beaucoup boire son petit protégé pendant l'absence de leur hôte. Il allait partir, puis revenir. La nouvelle ne la ravissait pas mais que pouvait-elle faire ? L'abandonner ici ? Elle y perdrait son honneur en plus de trahir l'hospitalité de ce guérisseur à la présence si opportune. Nul doute que lui aussi avait pris un risque en les accueillant car rien n'indiquait chez cet ermite une condition telle qu'il fut au dessus des règles communes : les Furies-des-Sables vouaient une haine certaine aux humains, encore plus aux Bâts-du-Deserts qu'ils accusaient depuis des temps immémoriaux d'être responsable de leur exil au nord du continent ou d'être à la solde des Gobelins, ou encore de n'être qu'un ramassis de pilleurs de tombes ou de détrousseurs. Quoi qu'il en soit, les humains n'avaient pas vraiment grace aux yeux des Trolls et les rescapés n'en étaient que plus redevables à leur sauveur et à son sens de l'hospitalité.

Il attendit que le soir s'annonce pour récupérer une gibecière dans laquelle il avait enfourné quelques vivres et un peu de matériel. Sans l'ombre d'une hésitation il confia son chien à la pisteuse, à moins que ça ne fut le contraire. Dwangi était son nom, et il y répondait avec obéissance même si c'était la jeune femme qui le prononçait, très impressionnée par la docilité de ce molosse à la mâchoire qu'on devinait redoutable.

Neuf journées s'écoulèrent.
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Message  Tsion'hebb Mar 2 Sep 2008 - 11:27

Chapitre XXX - Convalescence


Au début, les deux premiers jours, la marcheuse ne s'inquiétait pas. Les réserves étaient plus qu'abondantes et le gibier d'eau peu discret. Il y avait aussi du grain qu'elle pouvait faire bouillir, de la viande de poisson salée et de belles quantités d'aromates et de légumes qui poussaient de façon un peu anarchique dans un jardinet fertile. Le chien avait son propre rythme, allant et venant au gré de ses envies, profitant d'une liberté toute neuve pour se laisser aller à quelques extras, comme de mettre les pattes sur la table ou de dormir sur la couche en n'hésitant pas à peser de son poids sur le convalescent. Elle distribua du grain aux poules en espérant bien faire car elle n'avait pas vraiment compris la consigne, distribua aux lapins et aux cochons sauvages quelques feuilles coupées à la machette en les agrémentant de grain, et s'enhardit prudemment pour partir en quête de quelques fruits, sans beaucoup de succès. Elle n'osait pas s'aventurer loin, non pas vraiment de peur de se perdre, mais surtout pour ne pas risquer une mauvaise rencontre, intelligente ou animale, alors qu'elle était en charge de plus de responsabilités qu'elle n'en avait eu depuis longtemps, ou plutôt d'un type différent. Quoi qu'il en soit elle n'osait pas, et tournait de plus en plus en rond.

Tsion'hebb reprit véritablement conscience au troisième jour. Les fièvres lui laissaient enfin un peu de répit et ses propos gagnaient en cohérence. Il ne comprenait pas vraiment où il était et réclamait son père ou ses grands-parents, puis semblait enrager d'avoir les mains immobilisées et finissait par des crises de larmes dont elle n'aurait su dire si c'était de la souffrance ou autre chose. Dans le doute elle le faisait boire, le changeait, le lavait, le nourrissait comme elle ne l'avait plus fait depuis fort longtemps pour qui que ce soit et à peine pour elle-même. Décidémment cette aventure lui faisait revivre bien des choses et ces resurgences de mémoires enfouies ne firent rien pour lui faire paraitre le temps plus court.

La pisteuse et l'enfant avaient pris l'équivalent d'un rythme. Il était un peu trop grand et âgé pour qu'ils partagent la couche du troll, aussi la pisteuse s'était-elle aménagé un coin à elle dans lequel elle avait un peu arrangé l'espace et rangé ses propres affaires. Et puis elle avait mis une touche de féminité dans le petit logis, l'agrémentant de fleurs coupées tout en aérant régulièrement de sorte à alléger l'atmosphère lourde de l'odeur des plantes qui séchaient dans leurs filets. Elle avait pesté plusieurs fois contre les insectes plus ou moins velus qui semblaient s'acharner à vivre dans le même endroit qu'eux pour finir par bricoler des filets qu'elle coinça dans les fenêtres. Pour la porte, elle aurait bien imaginé un châssis mais ne voulait pas non plus trop en faire au risque de déplaire à celui qui leur avait généreusement confié sa cabane ; de toutes façons elle ne se sentait pas vraiment capable de tout faire seule de façon satisfaisante et entreprit plutôt d'agrandir la fosse dans laquelle le troll jetait ses ordures, laquelle débordait depuis longtemps. Le déjeuner du matin était constitué de fruits et le repas du soir privilégiait les légumes du jardin qu'elle préparait selon des recettes qu'elle avait presque cru avoir oubliées. Un peu de viande de poisson agrémentait le tout, soit extrait des réserves, soit frais car ils se plaisaient à aller ensemble, pendant les heures les plus chaudes, s'installer sur un promontoire ombragé pour tremper du fil avec, parfois, la chance de ramener une prise qui leur semblait mangeable.

Au cinquième jour Meharia commençait vraiment à s'inquiéter. Les choses avaient pu mal tourner pour leur hôte, soit qu'il se soit perdu, blessé ou égaré, soit que ses congénères n'aient pas accepté l'idée qu'il héberge chez lui des étrangers, encore moins des humains. Elle n'osait pas imaginer la suite, qu'il ait eu à subir une punition ou quelque torture destinée à lui faire avouer l'endroit où ils se cachaient. Peut-être avaient-ils besoin de temps pour rassembler des guerriers et une escorte ? L'inaction pesait de plus en plus à la marcheuse qui gambergeait de plus en plus. La seule chose qui la consolait c'est que les remèdes du vieux Troll semblaient efficaces. Le jeune démoniste parlait, même si ses lèvres brûlées le faisait souffrir au point de l'amener à s'économiser pour ne pas provoquer de saignements douloureux. Elle le tartinait abondamment du baume, traitement qu'il acceptait sans broncher. A l'impatience des premières heures avait succedé une sorte de sérénité qui étonnait sa garde-malade. Parfois il demandait à sortir pour prendre un peu l'air ; alors elle le portait jusqu'à un tabouret en veillant que le soleil ne le morde pas. Le chien, qui se révéla être une chienne finalement, reniflait les bandages avec beaucoup d'intérêt et Tsion'hebb laissait faire. Il y trouvait un réconfort aux démangeaisons multiples qui l'agaçaient et il lui tardait de retrouver un peu de mobilité car même si ses pieds avaient échappé au carnage, on ne pouvait pas en dire autant de ses mollets lardés de la morsure du crocilisque dont les blessures se refermaient rapidement. L'animal adorait ramollir les croûtes de ses attentions bavouilleuses et les grignoter petit à petit en chatouillant l'enfant qui en riait même quand ça provoquait des tiraillements douloureux.

Le huitième jour parut interminable. Cette fois-ci l'impatience était partagée. Le jeune prince avait exigé de retirer ses bandages, et la marcheuse avait fini par céder tout en lui interdisant de sortir de la petite pièce. Il contemplait ses mains à la peau mêlée de rose tendre et de brun tanné avec un air incrédule sans oser approcher un miroir. Il devait avoir un air véritablement horrible qu'il n'osait même pas imaginer. Il n'avait qu'à voir l'expression souffreteuse qu'affichait Meharia quand elle changeait ses pansements. Par contre... il pouvait enfin s'emparer de son orbe ! Et le contact de l'ivoire avec sa paume ravagée lui procurait déjà un intime réconfort dont l'origine exacte lui échappait. Il sentait confusément qu'il devait être possible d'en tirer un bienfait, mais la méthode lui échappait et il n'osait pas se laisser aller à la felmagie dont il goûtait la proximité. Le souvenir des premières leçons au sein du palais de la reine Tiamnat ne s'effacerait jamais de sa mémoire : rien n'est jamais gratuit. Il ne se sentait pas assez riche pour payer quelque prix que ce soit.
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