[Accepté] Ralek Kazir

Face à lui se tenait une demeure dont il n’aurait pu estimer la valeur. On lui avait indiqué cette adresse un peu plus tôt, après quoi il s’était rendu dans une taverne proche afin de se restaurer.

Durant son repas, il se remémora l’évènement étrange, suivant la rencontre qui le conduisait à présent dans ce coin. La jeune femme s’était montrée extrêmement distante, envers tous. Puis son évanouissement avait troublé l’agitation. Ce qui avait suivi restait encore étrange dans son esprit.

L'homme et la femme l’avaient pourtant invitée, recueillie presque. Son entêtement avait il eu raison d’elle ? Laissant de côté ces pensées, il avait fini son repas et quitté la taverne.

Il n’y connaissait rien en architecture, mais il aimait ce qu’il voyait. La bâtisse semblait somptueuse de son point de vue. Elle l’était sûrement encore plus à l’intérieur. S’approchant de l’entrée, il remarqua un homme et s’empressa de l’interpeller :

« Excusez-moi ! Messire. Je m’appelle Ralek Kazir, on m’a conseillé de me présenter au Manoir Hedson »

L’homme lui demanda alors de patienter un instant, puis se dirigea vers la demeure.

Il s'en fallut de peu de temps pour que le visiteur soit introduit dans le manoir. Il s'agissait d'une haute demeure qu'on aurait pu qualifier de fortifiée même si elle n'aurait en aucun cas contenu un assaut déterminé. Ses hauts murs montaient sans ouvertures jusqu'à une hauteur d'environ 3 bonnes coudées, percés uniquement de meurtrières ou d'ouvertures à peine plus larges, en ce cas munies de puissants barreaux.

Une haute double porte de chêne épaisse d'une dizaine de pouces et largement bardée de métal ouvrait sur la grande rue. Entièrement peinte en blanc, elle était l'entrée principale du manoir Hedson. Plus petite, incluse dans l'un des battants, une porte à judas permettait d'entrer et sortir sans avoir à manœuvrer la plus grande. Ce n'est que de l'intérieur qu'on pouvait constater l'immense poutre de bois-bronze qui verrouillait le passage.

Passant sous la haute voute qui coupait le corps du bâtiment, on pénétrait alors dans une cour intérieure qui desservait tout à la fois écuries, communs, cuisines et surtout permettait d'accéder au grand perron ouvrant sur le manoir proprement dit. L'homme revêtu de la livrée blanche et or guida le visiteur jusque dans le grand hall où, à l'instant même où il pénétrait les lieux, il reconnut la haute silhouette de la femme à laquelle il avait parlé.

Son port noble et son allure fière dans sa grande robe écrue était encore soulignée par la large ceinture dorée dont elle s'était ceint les reins pour soutenir son ventre gros de l'enfant à naître. Elle s'avança vers le visiteur qu'elle reconnut aussitôt, ramena un peu sur ses épaules son châle léger et le salua avec un sourire délicieux sous les yeux d'une jeune femme qui semblait veiller sur elle avec la plus grande attention.

Comme guidé par le sourire de la jeune femme, Ralek sourit à son tour. Il resta un instant admiratif devant cette dame, puis reprenant ces esprits, il exécuta un salut révérencieux.
Portant son bras droit sous la poitrine, il inclina la tête. Il continua de sourire, fxant mentalement l’image de son interlocutrice.
Il releva le buste et prit la parole afin de s’introduire.

« Je suis enchanté de vous revoir, belle dame. Comme il m’a été conseillé, je me présente devant vous, humble citoyen. »

Il attarda son regard un court instant sur le ventre rebondi de la jeune femme. Tout en desserrant son écharpe rouge, il releva les yeux pour observer son visage. Il attendit silencieusement sa réponse.

D'un simple geste, elle intima l'ordre à Neige, sa louve de laisser leur invité approcher. Louve sans âge qui par dela le temps la suivait comme une ombre.
La prêtresse sourit au nouveau venu. Ici, chez elle, elle l'observait, essayait de sonder ses intentions, ses croyances.

- "Ainsi vous avez suivi le conseil de mon compagnon. J'en suis ravie. Bienvenu dans cette demeure."

Se taisant un instant, elle détailla un peu plus son interlocuteur. Elle fit quelques pas et l'invita à la suivre. Ils pénétrèrent dans une salle où trônait une imposante cheminée. La pièce était raffinée mais sans extravagance, un luxe discret, très classique. Une lourde table de travail en chêne, quelques chaises et deux fauteuils recouvert de cuir fin de part et d'autre de l'âtre. Le sol recouvert de riches tapis venus de Tanaris, une odeur diffuse épicée qui jouait avec le parfum entêtant du bouquet de roses poupres, un plat de fruits frais et de sucreries à disposition pour le plaisir des yeux et des goûts. Discrètement deux gardes habillés de sombre se tenaient non loin. Ils semblaient se fondre dans le décor.

On y sentait un curieux mélange de cultures.

Elle laissa son invité s'imprégner de l'ambiance calme et sereine des lieux tout en emplissant la pièce de sa présence sereine.

- "J'espère que cela vous plaît. Si vous le souhaitez vous y serez chez vous à la condition de prêter serment de fidélité et de servir sans faille ce pour quoi l'ordre de Lumière Aveugle à été destiné."

"L'Ordre est encore discret ; il renaît de ses cendres . Je pense que vous pourriez nous aider dans notre but."

Elle sourit, elle venait de sentir la présence de son diable d'homme, toujours discret dans ses déplacements pour qui n'avait pas l'oreille habituée aux frôlements d'étoffe et de cuir qui signaient sa démarche. Elle croisa son regard et s'illumina d'une nouvelle douceur avant de se reconcentrer sur leur invité.

- "Pensez vous être de cette taille et répondre à ce défi ? Si oui, il vous suffit juste de signer au bas de ce registre."

Elle poussa devant Ralek un large registre relié de cuir noir aux pages jaunies par le temps et la lumière.

- "Peut-être convient-il de laisser à notre nouvel ami le temps d'apprendre à nous connaître ? Bonjour à vous." souriait le démoniste au visage dégagé de la large capuche qu'il affectionnait quand il sortait, couverte à cet instant de gouttelettes fines qui avaient accroché sa cape les embruns ou l'humidité du soir. Il dégageait des effluves marines qui disaient à l'observateur qu'il avait circulé sur les chantiers du port.

Quelques pas dans la pièce l'amenèrent auprès de la prêtresse qu'il embrassa discrètement tout en passant une main caressante sur son ventre rond.

"Nous sommes les actuels repreneurs de la charte de la Lumière Aveugle, longtemps confiée au commandeur Enroth aujourd'hui à la retraite. Notre but est de redonner à la Lumière sa splendeur, de traquer les impies, les infidèles, les incroyants et tous les iconoclastes."

"Évidemment tout ceci ne se fera pas en un jour mais nous avons un crédo et il est notre guide dans chacun des gestes du quotidien. Pour l'heure le temps est au rassemblement de nos forces vives."

"Vous vous interrogerez sans doute sur... mon allure ou... nos goûts qui pourraient - sinon vous choquer - du moins vous surprendre. Je vous dirais que vous n'avez aucun besoin de vous en soucier. Je suis originaire de Tanaris et j'ai apporté avec moi quelques petites choses qui m'évitent d'éprouver trop de mal du pays. Je serais heureux que vous les partagiez avec nous mais ça n'est en nulle façon un prérequis. Si vous restez avec nous, vous disposerez d'une chambre au manoir dont vous userez à loisir, seul ou avec un ou une colocataire."

"Enfin, peut-être devrions-nous repréciser que je me nomme Tsion'hebb Alakdjinn, et voici dame Mystiruis Sol'hael. Vous avez bien entendu tout loisir d'étudier notre charte et également le fonctionnement de ce symbole religieux qui unit les partisans de notre cause. Prenez le temps que vous voudrez, servez-vous si vous avez faim ou soif, c'est à votre disposition."

Ce disant, le démoniste versait trois tasses de thé dans des timbales argentées et les distribuait avec un sourire avenant.

Il suivit la jeune femme dans une salle plus chaleureuse, puis s’assit dans un fauteuil que lui indiqua son hôte. Alors qu’il s’affaissait dans celui-ci, il passa la main sur le cuir pour en sentir la texture qui lui parut exceptionnelle.
Alors qu’elle poussait un large livre devant lui, Ralek remarqua l’entrée de l’homme qui avait été d’une rare générosité envers cette humaine peureuse. Un instant lui revînt le souvenir de ce corps qui avait disparu en un souffle de vent.

Les paroles du seigneur ramenèrent Ralek a la réalité, il écouta alors avec une attention renouvelée. Il jeta un œil sur la pièce quand son interlocuteur le mentionna. D’abord surpris de voir certains objets, il sourit à la remarque, mais se retint de dire qu’il en avait vu de semblable à un moment de sa vie. Lorsque l’homme eut finis de parler et qu’il amena la tasse devant lui, Ralek sourit et d’un signe de tête, remercia celui-ci.
Puis il prit à son tour la parole.

« Durant notre première rencontre, vous avez mentionné la Lumière, dans sa pureté première. Car il est vrai qu’elle est dénaturé par certains. Mes vagabondages m’ont conduit dans des terres horrifiantes, meurtries. J’ai vu des gens agir de façon exécrable, se targuant d’agir au nom de la Lumière sainte. »

Il marqua une pause et observa quelques secondes la tasse.

« Je ne peux que considérer vos paroles comme bienveillantes, et vraies. De nombreux peuples semblent avoir oublié l’essence même de la bonté. »

Il releva alors les yeux pour fixer le couple d’un regard dur et froid.

Le démoniste ne répondit que d'un sourire du coin de la bouche, le regard hanté de trop de souffrances pour vraiment savourer comme il se devait l'enthousiasme de celui qui s'annonçait comme leur nouveau compagnon. Il s'en excusa d'un geste gauche.

- "Je vous laisse à l'étude de nos documents, et Mystiruis se fera un plaisir de vous fournir les explications utiles qui viendraient à manquer. Si à l'issue de ce moment vous êtes toujours partant, nous vous retrouverons demain soir pour procéder à votre intronisation."

"Lumière sur vous Razek."

Le démoniste s'inclina dans un bruissement feutré, salua son aimée d'un sourire tendre et referma derrière lui le battant droit de la double porte.

(HRP : Mardi soir à partir de 21h si tu es là )

Ralek observa l'homme quitter la pièce, puis tourna son regard vers les pages du livre. Un long silence s'imposa tandis qu'il lut tous les documents a sa disposition.


(Hrp: Aucun problème pour cette date et cette heure, je serai présent.^^)

Nayâh courait à perdre haleine dans les couloirs du manoir. Ses voiles tourbillonnaient dans sa folle avancée, ses bijoux tintaient et résonnaient presque sur les murs de pierre. Et elle riait… un rire fort, joyeux, sonore et elle déboula dans le salon comme un ouragan.

Ses yeux s’arrondirent comme deux billes ambrées, surprise de trouver le salon occupé. Elle porta un regard désolée sur la Khâdin puis ne put s’empêcher d’observer avec curiosité l’inconnu confortablement installé.

L'entrée fracassante de cette nouvelle venue fit relever la tête de Ralek. Il l'observa et se mit a sourir. Son regard passa d'une femme a l'autre comme jaugeant de leur charme respectif.

"Vous semblez avoir de nombreux adeptes, votre demeure en témoigne. Et leur fougue est aussi très ... explosive."

La jeune femme se mordit la lèvre et rougit légèrement sous le voile qui lui cachait le bas du visage et faisait ressortir ses yeux savamment soulignés de khôl.

Elle traça le signe rituel de bienvenue de son clan, se touchant le front, les lèvres et le cœur puis finit par une révérence classique, tout à fait gauche. Visiblement elle n'avait pas l'habitude mais faisait des efforts.

Ralek regarda la jeune demoiselle faire sa révérence, puis a son tour inclina la tête pour lui répondre. Sa barbe brun clair heurta l'écharpe rouge autour du cou et se plia sans bruit. Pendant quelques secondes, il observa la jeune femme. Il baissa finalement son regard, se désintéressant d'elle, pour se concentrer sur ce qui l'avait amené ici.

Ses yeux parcoururent les dernières lignes de la page, qui se trouvait être aussi la fin du texte. Il ferma alors le livre, et ne le quittant des yeux, s'adossa profondément dans le fauteuil.