La Lumière Aveugle
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La Louve Blanche

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Message  Mystiruis Ven 25 Juin 2010 - 11:09

Un rêve récurrent, depuis déjà trois jours...

La louve blanche rôdait. Elle la sentait confusément.

Une louve qui n'était pas la sienne. La sienne... où était-elle ? Et... et si c'était la même ? Difficile à dire, tout est confusion. La brume est partout qui voile le regard dans son blanc manteau de ouate.

° Viens à moi, fille de nulle part. °

Qui parle dans ma tête ? Morgiane ? Est-ce toi sorcière qui hante mon repos ? Viens, viens... mais viens où ? Et toi, louve blanche au regard de nacre, je te distingue à peine, qui es-tu ? est-ce toi ma compagne de toujours qui a traversé les âges avec moi ?

Les nuits sous les étoiles de Deuillevent n'ont plus d'effet reposant. Et pourtant sans savoir pourquoi la prêtresse a toujours eu goût à cette solitude, à ce calme loin de la civilisation, au contact d'une nature sans doute âpre et sauvage mais aussi sereine, simple, apaisante. Pour un peu elle se sentirait elfe, et cette pensée lui arrache un sourire un peu narquois. Morgiane la possède, la louve l'angoisse à lui rôder autour comme si elle cherchait quelque chose que seule la prêtresse détiendrait.

Chaque fois que Mystiruis observe son animal, elle lui parait plus étrangère et surtout... elle la fixe de ses yeux blancs. La cataracte l'a prise et les soins de la prêtresse ne peuvent rien contre l'inexorable passage du temps. Mais pourquoi la regarde-t-elle ainsi ?

- "Mais qu'est-ce qui t'arrive à la fin ?" s'exclame Mystiruis, agacée.

Ce n'est pas sa réaction habituelle, elle n'est pas dans son état normal, elle en est consciente. Morgiane la rend aggressive, sa patience s'épuise, sa résistance s'émousse. Le brouillard pénètre ses vêtements trop légers et la fait frissonner. Elle réagit trop vivement et menace de s'emporter sans le vouloir. La louve de brume ne répond pas, se contentant de la fixer obstinément de ce regard aveugle. Veut-elle l'emmener quelque part ? Non. Non car quand la prêtresse s'avance vers elle, la louve ne bouge pas. Elle reste stoïque, imperturbable. Et si sa maîtresse vient au contact, elle s'écarte comme un nuage de dissipe et s'apprête à lui emboîter le pas. Et ce comportement finit par exaspérer la prêtresse déjà bien éprouvée par la sorcière des ours et tout récemment par la remise à niveau de tout son apprentissage.

D'avoir renoncé aux ombres l'a affaiblie, elle le sent. Affaiblie mais aussi ouverte aux autres et à bien des influences dont autrefois elle savait se garder.

° Viens à moi, fille de nulle part, viens reconnaitre les chemins que tes pas ont foulés. °

- "Mais qui parle bon sang ?!? Sainte Lumière ! Morgiane, je ne suis pas ton jouet ! Si je deviens folle tu meurs avec moi alors cesse ce petit jeu !!"

Mais elle sent, elle sent au fond d'elle que la sorcière des ours n'est en rien concernée.

De nouveau elle se sent observée et se tourne dans la direction qui l'appelle... pour se trouver de nouveau sous le regard de sa louve blanche au milieu de la nuit. Elle n'en peut plus, elle croit devenir cinglée. Elle lui parle et vient vers elle pour l'étreindre comme elle le faisait quand elle était enfant. La louve se laisse faire et même répond à la détresse de sa maîtresse en lui léchant le visage comme pour les apaiser toutes les deux. Sa langue est froide. Elle est brouillard et se dissipe comme un être immatériel entre les bras de la prêtresse.

Mystiruis se réveille dans la nuit glacée. La brume est là et la louve également. Elle la regarde encore, comme dans le rêve. Qui possède les réponses ? qui aurait les clés de ce rêve étrange ? Toi ma louve au regard de brume ? Severnaya, si douce, si compréhensive, et si habile avec les animaux ? Anakor qui parle aux démons comme à des frères ou des esclaves selon ses besoins du moment ? Meneldur pour qui les arcanes les plus obscures sont limpides comme un conte pour enfant ? Le barde des Tisseurs, cet idéaliste dangereux mais dont le métier l'amène à connaître tant de légendes ?

- "Qu'est-ce qui nous arrive ma beauté ?" demande Mystiruis, presque implorante.

Mais la louve ne répond pas. Elle n'a pas ce talent et se contente de s'allonger tout contre la prêtresse pour lui apporter un peu de réconfort et de chaleur.

° Viens à moi, fille de nulle part... °

Elle se dresse dans la nuit, echevelée et sublime dans sa robe simple qui flotte dans l'air glacial. D'un geste vif et retient ses cheveux, sorcière irréelle dans les contreforts de ces monts oubliés. Le vent s'engouffre autour de ses chevilles et de sa jambe blessée, mordant, douloureux. A qui la surprendrait ainsi, on croirait une bien-née surgie d'outre-tombe. Sa voix déchire la nuit plus sûrement que les timides rayons de soleil qui rougissent les sommets du défilé.

- "J'arrive ! Mais si vous voulez que je vienne, encore faudrait-il me guider !!!"

Elle trouvera. Elle a toujours trouvé. C'est une simple question de temps... de temps.
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Message  Mystiruis Ven 25 Juin 2010 - 11:10

Les chevaux n'étaient pas nombreux dans les écuries du manoir. Tant mieux. Le palefrenier ronflait béatement aux côtés d'un garde qui menaçait d'en faire autant et laissait osciller dangereusement la lampe-tempête accrochée au bout de sa pique. La cour intérieure, obscurcie par une pluie proche de la neige fondue, n'était éclairée que par les lumières qui filtraient des hautes fenêtres des appartements de la maîtresse de maison.

Un rapide examen confirma qu'aucun piège grossier n'interdisait le passage et le Kaldoreï s'enfonça sans plus attendre dans le boyau étroit qu'il referma soigneusement derrière lui. Une volée de marche plus tard, il s'engouffrait dans un corridor à peine assez large pour y marcher de biais. A tâtons dans le noir absolu il saisit la large poignée et la fit jouer. Sans un bruit le panneau coulissa. Seules les pupilles dilatées du chat et le poil hérissé d'une louve inquiète réagirent à l'entrée du visiteur incongru. Mais l'un et l'autre se calmèrent aussitôt qu'ils reconnurent l'odeur étrangement familière.

Les servantes, elles, ne réagirent en aucune manière. Elles étaient bien trop occupées dans la partie distante de la pièce, brillamment éclairée par l'âtre aux proportions seigneuriales autant que par les larges candélabres qui nourrissait cet étonnant cocon de lumière. L'atmosphère était chaude et humide. Saisissant l'immense broc plein d'eau fumante, l'une d'elles le leva au dessus de la tête de sa maîtresse. L'autre, accroupie devant le feu, veillait à ce que son démon ne brûle pas les serviettes qu'il était sencé chauffer agréablement. Sans un mot le barde s'installa au plus sombre de la pièce, sur un siège en cafetas à moitié dissimulé derrière les tentures du vaste lit à baldaquin. Avisant le tabouret glissé sous le siège, il le tira et, sans plus de manières, étendit les jambes en profitant du spectacle. Le chat le rejoignit bientôt et se nicha dans son giron : il le caressa d'une main distraite.

Elle n'était pas comme les autres, étrangement différente en vérité. Plus grande, plus charpentée, plus... plus belle oui, n'ayons pas peur des mots. Quand elle se releva et enjamba le rebord du baquet, ruisselante, il ne put s'empêcher de la trouver presque troublante. Mais la vision fut bien fugace car aussitôt eut-elle posé le pied sur le caillebotis de bois précieux que la démoniste l'emmitouflait dans l'étoffe épaisse. L'autre s'empara d'une seconde serviette et, d'un mouvement tournant, enveloppa la longue chevelure platine, presque blanche en vérité, en une amusante coiffe torsadée.

- "Merci, vous pouvez disposer."
- "Mais madame ?"
- "Vous pouvez disposer." confirma la maîtresse de maison d'une voix empreinte d'autorité.
- "... "


Le regard enténébré de la prêtresse mit fin aux discussions. Sans plus un mot elles disparurent derrière le lourd rideau qui calfeutrait la porte. Le silence retomba.

- "Il n'y a qu'avec vous qu'elle ronronne ainsi."
- "Vraiment ? Je le prends pour un compliment."

Non seulement elle avait l'ouïe fine, mais elle faisait preuve d'une impressionnante perspicacité. Il s'était trahi de belle manière ; il lui faudrait être plus prudent à l'avenir. D'un geste habile elle noua la serviette longue au dessus de sa poitrine, puis elle s'inclina non sans grâce et entreprit de défaire l'improbable chignon pour libérer sa chevelure brillante. Enfin elle commença à sécher avec des frottements énergiques

- "Et pourquoi cette visite ?"
- "J'allais presque vous poser la question en vérité" répondit le barde qui n'avait pas esquissé un geste pour sortir de l'ombre.
- "En vous asseyant sur ce fauteuil, vous faites injure à la mémoire de feu mon époux. Je vous prie de vous asseoir ailleurs." lança-t-elle, glaciale.
- "Oh... j'aurais pu m'asseoir sur le lit, comme les autres fois, mais... ça serait pire non ?"
- "Vous n'êtes pas le bienvenu ici, barde des Tisseurs. Je ne sais quelle... intuition... me retient de vous faire mettre au secret sur le champ."
- "L'amour maternel probablement."


Elle ne dit mot mais pour autant il se leva et repoussa le repose-pied sous le siège avant de jucher sur son épaule une chatte qui ronronnait à qui mieux mieux et de contourner le lit pour s'avancer dans la lumière.

"Je vous apporte des nouvelles de votre enfant. Elle vous aime, vous lui manquez, mais elle comprend les nécessités d'être à l'abri des exactions que les vôtres pourraient lui faire subir. Elle étudie le darnassien, l'arithmétique et la cosmologie et, ma foi, pour se qu'en disent ses instructeurs, elle a l'esprit vif. Je m'occupe de son éveil musical et elle fait preuve de dispositions tout à fait intéressantes. Vous pouvez être fier d'elle dame Hedson. C'est une jeune fille responsable une fois qu'elle a bien compris les enjeux qui gravitent autour d'elle. Tenez, je vous apporte aussi cette lettre de sa main et ce petit cadeau qu'elle vous adresse. J'ignore de quoi il s'agit précisément mais j'ai envie de vous faire confiance à toutes les deux."


D'un mouvement de tête élégant elle rejette en arrière sa immense chevelure qui dessine un large arc d'argent et observe le petit paquet et la lettre qui l'accompagne. Puis, les mains sur le noeud de la serviette qui protège sa pudeur, elle ordonne :

- "Tournez-vous."

Il s'exécute et s'avance vers la fenêtre mais les volets clos n'offrent rien à sa vue sinon, dans le reflet des vitres, l'image à peine déformée d'une femme aux proportions plus que plaisantes qui enfile à la hâte une robe de nuit aux reflets nacrés. Il n'eut donc besoin d'aucun signal pour se retourner à l'instant où, la bouche ouverte, elle allait le libérer. Elle lui jeta un regard noir qui lui arracha un sourire... auquel elle répondit.

- "Vous êtes un fieffé coquin."
- "Fieffé... hélas nenni, je n'ai nul titre et nul domaine, mais coquin... on le dit."
- "Je vous hais."
- "Moi aussi je vous haissais, mais j'ai peur que ça ne s'estompe pour des raisons qui m'échappent et m'intriguent."
- "Moi je vous hais."
- "Certaine ? Vraiment ?"


Elle plissa les yeux et détailla ce Kaldorei impertinent qui, non content de la surprendre dans un moment d'intimité, se permettait de remettre sa parole en question. Savait-il ? Ne savait-il pas ? Comment aurait-il su ? La chatte, sensible à la tension qu'elle sent monter apprécia que le barde la pose sur un fauteuil proche.

- "Peu importe, que voulez-vous ?"

Autant pour se donner une contenance que par nécessité, elle se dirigea d'un pas étonnamment silencieux vers les chandeliers dont elle moucha une part des bougies avant de se diriger vers le foyer pour un placer une nouvelle bûche. Elle sursauta quand la main de son visiteur se referma presque sur la sienne à l'instant où elle allait s'emparer du tisonnier

- "Laissez-moi faire. J'ai chassé vos servantes et... votre nuisette n'est guère adaptée à ce travail salissant."

Elle rosit, et rosit même un peu plus de se sentir rosir ! Non mais de quel droit se montrait-il aussi familier !? L'envie de saisir le cordon de la sonnette lui traversa l'esprit sous l'effet d'une bouffée de colère qui n'arrangeait rien à son teint. Il ne s'agissait nullement d'une nuisette et si sa tenue n'était pas suffisamment décente, elle ne lui avait pas demandé non plus de débarquer de façon aussi inconvenante. Mais elle se contenta de s'emparer d'une robe de chambre de velours blanc dont elle couvrit ses épaules. Puis, invoquant la stricte discipline des prêtresse de lumière, se ressaisit bien vite pour mieux le toiser de façon menaçante.

- "Je ne tolère pas vos manières de séducteur, barde. Alors cessez ce petit jeu je vous prie. Car il est des maux dont vous ignorez tout et dont vous pourriez bien vous trouver affecté sous quelques heures ou jours sans même pouvoir faire le lien avec moi. Tenez le vous pour dit."

"Et puisque la Sainte Lumière vous a mis là, vous allez répondre à une question fort simple."

Par le poil de Satan, qu'elle exécrait ce petit sourire suffisant qui se dessinait sur ses lèvres ! Elle l'aurait giflé !

"Que vous évoque la Louve blanche ?"
- "La Louve Blanche ? Ma foi... Pourquoi cette question ?"
- "Répondez simplement à la question voulez-vous ?"
- "Mmh... êtes-vous assez gentille ?"


Il lui lança un clin d'oeil plein d'une malice qui la fit blêmir sous l'assaut de sentiments mêlés. Quel... quel... Elle ne trouvait plus les mots mais ses pommettes brûlantes en disaient assez long sur sa confusion. Elle ne se sentait même plus capable de faire les pas salvateurs qui lui auraient permis de s'échapper d'une situation qu'elle jugeait inextricable.

"Veuillez me pardonner, j'abuse de la situation et ce n'est guère courtois. Et bien... pour tout vous dire... elle apparait dans nombre de légendes de bien des peuples. Toute provocation mise à part, il va réellement falloir m'en dire plus je le crains."

- "Continuez."
- "Mmh... vous ne m'avez pas enten..."
- "Continuez vous dis-je !"

Le rabrouer lui avait redonné un peu de sang. C'était incroyable, véritablement inconcevable. Elle avait du mal à se comprendre elle-même. Comment ces rencontres étaient-elles possibles ? Les menaces sur sa fille ? Certes... Mais... elle aurait dû être choquée de sa présence dans sa chambre, non ? Et le serait de celle de tout autre, sauf si... si il avait les oreilles plus courtes ? Elle ne put empêcher un infime sourire de briser son masque de marbre, sourire qu'elle parvint à lui masquer. D'un geste vif elle attrapa quelques fines lamelles de bois laqué sur sa coiffeuse, s'assit face à la glace dans un bruissement satiné et entreprit de nouer en chignon ses cheveux d'argent. Ils accrochaient la lumière d'exquise manière. Elle ne voyait plus son visiteur que par-dessus son épaule dans le miroir et ça lui convenait fort bien.

[i]- "La louve est symbole de fécondité, de fidélité, de mort, de courage, d'opiniâtreté aussi. Le blanc est symbole de pureté, de virginité, de mort ou de présage. On peut y voir un passage, un rite initiatique ? un veilleur sur le chemin de l'ombre à la lumière ? Les deux ensemble apparaissent de façon très régulière. Sans doute un druide ou un chaman pourraient-ils vous en dire un peu plus ?"

- "Viens à moi, fille de nulle part, viens à moi et..."

La voix de la prêtresse mourut lentement. Voilà... c'était un compromis maladroit entre sa curiosité et sa fâcherie contre cet impudent notoire qui se croyait tout permis. Le barde s'était accroupi et enfournait dans une chaufferette des braises rougeoyantes. On aurait pu croire qu'il s'occupait, mais elle savait au fond qu'il prenait simplement soin d'elle. Se sentait-il coupable de la priver de son enfant ? Peut-être oui, peut-être qu'il supportait mal sa position de maître chanteur après tout ? C'était bon à savoir. Le coin de sa bouche s'arqua dans un rictus malsain.

- "Que dites vous ?"
- "Oh rien, une vieille comptine qui me revient en tête. Ca ne vous regarde pas."
- "C'est vous la "fille de nulle part" ?"


La peste soit de ces Kaldoreis et de leur ouïe de rats.

- "Il est temps de partir. Mes servantes vont s'inquiéter."

Sur ces mots elle lui prit la chaufferette des mains pour la glisser elle-même entre ses draps de lin blanc.

- "Vous avez raison. Je vous souhaite une douce nuit dame Hedson."
- "Mystiruis."
- "Mystiruis ?"
- "Je... Raah ! Malemort ! Fichez le camp."



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Message  Mystiruis Ven 25 Juin 2010 - 11:11

Les fêtes de voile d'hiver.. Un trêve aussi brève que le givre du matin. Un faible feu entre deux roches.
La solitude, la réflexion d'une prêtresse font rage dans son coeur. D'un côté son ordre de fanatiques, ses amis, de l'autre
les fils, les ours, les tisseurs. La situation lui échappait.
Elle remit quelques brindilles sur les flammes mourantes. Neige lovée contre elle qui implorait presque sa maîtresse de son regard bleu.
Plus aucune trace de sang ne recouvrait sa fourure, aucune trace de l'orc qu'elle venait d'égorger.
Elle avait senti sa présence peu de temps après son arrivée. Ainsi son repaire était détecté. Elle l'avait laissé observer, s'approcher en se croyant en sécurité.
A quelques pas d'elle, il la dominait de toute sa hauteur. Trop sur de lui, face à une humaine sans arme, il avait franchi les quelques pas les séparant. Leur regard se croisèrent et il mesura l'étendue de son erreur. A cet instant,les crocs de la louve étaient plantés dans son cou. Elle jouat, un instant, avec sa proie, le laissant voir sa mort arriver, ineluctablement, sous le regard glacial d'une prêtresse des ombres.
Le barde était parti depuis longtemps. Pourquoi ne lui etait-elle pas hostile... Pourquoi se pliait-elle à lui.. Pourquoi Neige ne cherchait-elle jamais à l'agresser... Pourquoi pourquoi avait-elle envie de hurler...
Elle avait pris un risque en donnant cette bague à Arcanià mais son amour etait trop fort pour se contenter d'une brève visite autorisée si rarement. Il la tenait.. Il savait tellement de chose qu'un mot suffirait à signer son arret de mort.
Son regard se posa sur l'ombre non loin d'elle. La forme en paraissait presque humaine. Morgiane.. Cela faisait longtemps qu'elle ne resistait plus à cette presence et que celle-ci jouait avec elle. Elles avaient appris à se cotoyer, se connaitre, se tolerer et enfin se respecter. Ensemble, elles etaient plus fortes, moins seules. Elles jouaient avec le feu, elles en étaient conscientes mais la fin justifie les moyens.
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Message  Mystiruis Ven 25 Juin 2010 - 11:11

Landria.. Ce nom résonnait encore, comme un lietmotiv.
Qui était donc cette femme que son coeur poussait à voir?
Qu'était-elle donc pour la troubler autant?
Pourquoi le barde s'était -il faché? ou alors était-ce de la peur?
Lui peur? alors que si il le souhaitait ...
Et puis...

Cet homme au parler étrange, au visage buriné.
Il se disait poête, devin..
Il lui avait montré une carte étrange..
Sa voix était chaude.. avec lui, elle se sentait .. Voici longtemps que Kaor s'était eteint.. Elle l'avait pleurer longtemps en silence. Il aurai à jamais une place dans son coeur , tout comme le père de Arcania.
Il était temps de tourner la page.
L'avenir proche ou lointain semblait semer d'embuche.
Du bout des doigts, elle carressait le bracelet qui brillait de mille feu à son poignet. Un splendide cadeau alors qu'ils se conniassaient si peu.
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Message  Mystiruis Ven 25 Juin 2010 - 11:12

Il était là.

Elle le sentit dès qu'elle entra dans la piège mais prit le temps de laisser oeuvrer à la fois celle qui se chargeait de raviver le feu mourant dans la cheminée et celle qui, après avoir allumé quelques chandelles pour dissiper les ténèbres de la pièce, s'était échiné à tirer les lourds volets de chêne avant de disposer pour la prêtresse son linge de nuit.

Alors que les deux, une fois réunies, allaient pour apprêter leur maîtresse pour la nuit, elle hésita... puis les congédia rapidement d'une voix qui, une fois de plus, ne souffrait pas la discussion. Les deux s'entreregardèrent sans prêter attention à la louve qui, étonnamment peut-être, contournait le vaste lit à baldaquin pour aller saluer le visiteur dont elles ignoraient la présence.

- "Tu es de moins en moins discret Crile. Tu vas finir par te faire prendre. Regarde comme elle est venue droit vers toi comme si elle attendait après une pitance."

Le barde eut un mouvement qui dissipa la subtile illusion dans laquelle il s'était masquée mais l'obscurité ambiante ne le révélait qu'à peine aux yeux de la prêtresse qui, malgré son sang-mêlé, n'avait pas l'acuité de ceux du barde. Il gratouilla encore un instant le museau posé sur sa cuisse avant de se lever et de s'avancer dans la faible lueur des bougies.

- "Si tu savais comme je m'en moque... sinon pour ma fille et mon élue."
- "Est-ce que celà ne constitue pas au moins deux raisons suffisantes ?" rétorqua-t-elle d'un ton glacial. "Je ne veux plus de toi ici. C'est ma demeure, mon intimité. Tu as bien des moyens d'entrer en contact avec moi quand tu le désires n'est-ce pas ?"
Ce disant la prêtresse se défit d'un pendentif auquel s'ajoutait une très jolie perle luminescente dont l'aura magique n'échappait qu'aux profanes.
- "Ose dire que tu n'apprécies pas..."
Elle ne lui lança pour toute réponse qu'un regard... qu'elle aurait sans doute voulu assassin mais qu'elle ne put rendre que mitigé. Il se dirigeait vers le foyer dans les braises duquel il enfourna la chaufferette avant de s'en retourner vers le lit sur lequel il hésita un instant à s'asseoir. Il se contenta de s'appuyer négligemment contre un montant. qui craqua un peu.

- "Là n'est pas la question. Es-tu venu me parler de ma fille ? Je t'écoute."
- "Pas exactement, mais à ce sujet j'ai deux questions importantes. La première : pourquoi Merika intercède-t-elle à ta place auprès de Jaylini afin d'obtenir pour toi une rencontre avec Arcània ?"
- "Je n'aime pas le ton que tu prends avec moi, barde. Notre lien ne justifie pas que tu me parles ainsi."
- "Ah oui ?"

Un pas et une gifle retentit. Oh... il la regretta immédiatement. Mais elle était un cri du coeur, un cri de dépit, un cri de rage contre tout ce qui les séparait, contre ces manières hautaines, contre ce mépris presque affiché dans lequel elle se drapait parfois. Et d'ailleurs... la réplique vient aussitôt en retour, claquant d'un bruit presque similaire, laissant sur la joue du barde une légère estafilade dont parla une goutte de sang.

Ils s'entreregardèrent. Il y avait dans ce regard un mélange incroyablement complexe de défi, de tension, de colère... mais aussi cette inconcevable amour qui lie les êtres par delà leurs différents, leurs écarts et leurs conditions.

Les doigts du barde rougissaient sur la joue de la prêtresse qui craqua juste après que le barde lui eut ouvert les bras. Elle avait beau être d'une stature extraordinaire pour son peuple, elle n'en restait pas moins petite dans les membres gigantesques qui se refermèrent sur leurs larmes conjointes. Et elle le serra fort, y mettant tout son coeur pour signifier mieux que les mots à cet ennemi combien elle tenait à lui au-delà de tout ce qui les opposait, ces mots qu'elle ne lui adresserait peut-être jamais. Puis elle le repoussa presque sèchement, les joues striées de coulures grises.

- "Crile, Tu ne devrais plus venir ici. C'est trop risqué."

Le ton et l'allure n'étaient pas en accord. Mais son regard disait assez qu'elle ne resterait pas là mais si... sur le moment... Il n'était guère en meilleur état, les yeux brillants de larmes difficilement contenues et le coeur battant.

- "Je... j'ai besoin de réponses Myst."
- "Je verrai ça avec Merika, je ne suis pas au courant, je ne peux pas te dire. Si... si c'est un piège je ferai mon possible pour te le faire savoir."
- "Il y a autre chose. Alice. Ce nom te dit-il quelque chose ?"
- "Alice ?"

Le prêtresse réfléchit un instant tout en s'installant à sa coiffeuse. D'un mouvement d'épaules elle fit glisser le large châle de soie rose qu'elle huma un instant avant de le poser avec soin sur le dossier d'un fauteuil voisin. Enfin elle ouvrit une cassette d'argent ciselé et en extirpa une lingette qu'elle lui jeta négligemment. Elle était parfumée à l'eau de rose. Il en tamponna sa joue avant de la jeter dans l'âtre.

- "Non... Non ça ne me dit rien. Qui est-ce ?"
- "C'est toute la question. J'espérais que tu pourrais me guider."

D'une geste fluide elle ramena ses cheveux sur le côté. Puis elle s'empara d'une brosse qu'elle fit courir patiemment dans sa longue chevelure blanche presque argentée. Il l'observa un instant. Elle n'était pas loin de posséder la grâce des Kaldoreïs. Comment avait-il pu être si aveugle à tous ces signes ? L'évidence était si flagrante. Il soupira un instant avant de s'accroupir pour saisir le chat qui venait se frotter contre ses bottes, puis s'approcha pour pousser un candélabre un peu plus près pour plus de lumière. Elle le remercia d'un hochement de tête.

- "Comment vont ta femme et ta fille ?"
- "Elles se reposent toutes les deux. Merci encore pour ta présence. Merika et toi avez été parfaites. C'est vraiment gentil."
- "Merika a l'expérience d'une mère au delà de sa pratique de l'art de délivrer les femmes."
- "J'ai été surpris j'avoue."
- "Elle vaut plus que tu ne le penses."
- "Oh mais... détrompe toi. J'en pense du bien. A un point que tu ne soupçonnes peut-être pas." répondit-il avec un sourire énigmatique.

Elle capta l'expression dans le gigantesque miroir de sa coiffeuse et se redressa pour lui adresser un regard perçant.

- "Qu'est-ce que tu mijotes encore, barde ?"
- "Il est bien trop tôt pour abattre mes cartes, petite soeur" répondit l'Elfe sans se départir de son sourire.
- "Ne prononce pas ces mots ici. Je te l'interdis. C'est bien trop dangereux. S'il te plaît Crile, tu nous mets en danger. Ma chambre est sûre mais... si quelqu'un entrait ?"
- "Personne n'oserait le faire sans ta permission dame Hedson, j'en suis bien certain." rétorqua-t-il avec un ton moqueur.
- "Crile... Je... N'utilise plus ce nom."
- "Hedson ? Et pourquoi non ?"
- "Je ne le souhaite plus. Il fait partie du passé et je dois tourner la page à présent. Aide-moi s'il te plaît. C'est au delà de nos conflits n'est-ce pas ? Tu peux bien m'accorder ça après m'avoir séquestré mon enfant... non ? Je risque ma vie dans quelques jours ou semaines, alors s'il te plaît."

Il n'aimait pas qu'elle lui rappelle cet aspect détestable des choses et son expression perdit de sa superbe. Il se contenta d'un hochement de tête silencieux. Il s'aperçevait en même temps d'autre chose : il n'appréciait pas d'envisager sa disparition, ni de la sentir en position de faiblesse. Ca lui faisait mal d'une façon nouvelle...

Ils ne se saluèrent pas. Le panneau se verrouilla dans un infime cliquetis qui la laissa seule. Personne ne fut témoin de la façon dont, une fois peignée, apprêtée et débarrassé de ses traces de larmes, elle s'endormit, sans se départir de son bracelet, enveloppée dans son châle précieux.
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